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Bassin Adour-Garonne

Interview Pascal COSTE

# 127

3 questions à Pascal Coste,
Président du Conseil départemental de Corrèze,
1er Vice-président du Conseil d’administration de l'agence de l'eau Adour-Garonne

Pascal COSTE

1. Quels sont les grands enjeux, entre aujourd’hui et demain, pour nos territoires ?

Nos territoires ont besoin d’être plus visibles et entendus. Ils sont le premier théâtre de la planification écologique. 88% des communes de notre pays sont rurales. Ce sont sur ces collectivités rurales et leurs maitrises d’ouvrage que la mise en œuvre d’actions en faveur de l’eau et de l’environnement repose en grande partie aujourd’hui. 

Reconnaitre le rôle de la ruralité dans cette transition est indispensable pour agir bien, juste et en responsabilité. 

La solution réside dans une capacité de nos politiques à descendre d’échelle et à rendre accessible les enjeux de l’eau pour les acteurs locaux. Il faut également en retour, mieux écouter et appréhender la diversité des situations locales. Cette reconnaissance du rôle des territoires ruraux doit aussi se traduire par l’organisation de la solidarité, à l’échelle du bassin. 
 

2. En quoi ces priorités seront-elles prises en compte dans le projet de 12e programme ?

La construction de la stratégie financière du 12e programme devra s’appuyer sur un engagement de tous, un effort solidaire des usagers dans leurs contributions aux redevances. 
Et c’est là, un de nos principes fondateurs qui est réaffirmé : l’eau paie l’eau. Et cette garantie fait la force de notre modèle de gestion à la française.

Cette stratégie doit également être adossée à un pacte de confiance qui vient sécuriser l’engagement de l’Etat et des partenaires. Ce pacte viendrait matérialiser l’engagement des financeurs du 12e programme et de maitres d’ouvrages sur une trajectoire de recettes et de dépenses partagée.  Et je suis, là encore, très attaché à l’expression de cet engagement commun et solidaire.

Plus concrètement, les priorités affichées dans les éléments de cadrage du 12e programme entrent en résonnance avec les enjeux d’aménagement de nos territoires. 
L’investissement conséquent en matière de mise à niveau des infrastructures d’alimentation en eau potable et d’assainissement me semble correspondre à un besoin encore fort d’une partie de nos territoires. Il doit nous permettre de finir d’atteindre le bon état de nos masses d’eau. 

La priorité donnée à la massification de la transition agroécologique concerne là encore en premier chef, l’avenir du monde rural et est un axe structurant pour préserver la qualité de l’eau notamment dans les zones d’alimentation des captages d’eau potable. Les solutions fondées sur la nature font partie des dispositions qui seront largement déployées et devraient modifier peu à peu nos paysages, tout en contribuant fortement à notre stratégie de préservation de la ressource sur de multiples plans.
Enfin, une grande part de nos investissements se concentreront sur la gestion de la quantité d’eau disponible. Le stockage de l'eau n'est pas un tabou. Une eau vitale pour tous, humains comme milieux naturels, et essentielle au développement de nos territoires.

Ces moyens décuplés devront s’accompagner d’un effort de sobriété de tous les usagers. 

3. Une solidarité entre villes et campagnes est-elle toujours nécessaire ?

Elle est indispensable, sans cette solidarité, nos politiques ne pourront aboutir. Je pense, au regard de la diversité des situations territoriales et des enjeux entre monde rural et pôles urbains qu’elle doit être orchestrée par nos politiques.

L’eau est une ressource circulaire. Elles nous lient tous urbains et ruraux. Il en résulte une responsabilité commune qui doit se traduire au travers d’un prix de l’eau juste et équitable permettant de palier aux difficultés des zones à faible densité démographique. Le mécanisme de redistribution et sa gouvernance sont encore à créer, mais ils sont un préalable indispensable pour permettre aux acteurs locaux d’agir et de jouer leur rôle moteur pour l’eau et la transition écologique. 

Les modalités d’intervention de l’Agence offrent toujours plus de place aux acteurs locaux. Ce pouvoir d’agir des territoires sera encore renforcé dans le cadre du 12° programme. Chaque territoire, en connaissance de ses enjeux, de ses habitants, de ses acteurs économiques ou non, doit être en mesure de déterminer et de conduire les actions d’adaptation au changement climatique adaptées.